1541 - Un verset du livre interdit d’Erasme, « les Colloques », inscrit dans le volume notarié du notaire Don Brandano Caxaro
Sans l’ombre d’un doute, l’arrivée en 1530 des Chevaliers de St Jean à Malte laissa un profond impact à la fois économique et social sur l’île. Une incidence qui ouvrit les portes à un flux constant d’idées nouvelles, d’us et coutumes, créant ainsi un environnement cosmopolite. Dès la moitié du 16ème siècle, le mouvement humaniste avait atteint son apogée en Europe et Malte ne fut pas une exception.
Parmi ceux qui pratiquaient, enseignaient et disséminaient les idées réformistes que l’Église condamnait comme étant hérétiques, on trouvait aussi des prêtres tel que le notaire Don Brandano Caxaro, qui fut convoqué par le tribunal de l’Inquisition au moins deux fois.
En 1563, il fut condamné pour enseignement hérétique et se vit privé de ses privilèges, y compris toute recettes provenant du monde ecclésiastique. Il fut aussi démis de ses fonctions de prêtre et de notaire.À partir des dépositions rédigées durant de nombreux procès ayant lieu au Tribunal de l’Inquisition, il devient évident que ces réformistes avaient pour habitude de lire et de débattre sur les Saintes Écritures à l’aide d’autres ouvrages censurés tels que ceux de Luther, Melanchton et Erasmus.
Depuis la fin du 15ème siècle, les livres d’Erasme, en particulier « les Colloques » ou « les dialogues » étaient utilisés comme manuels d’enseignement. Jusqu’en 1553, cette série de livres s’élevait à douze puis finalement atteignît un total de cinquante livres.Malte a aussi participé à la dissémination d’une idéologie nouvelle comme le prouvent les multiples dépositions faites par des témoins devant les Inquisiteurs. Ces dépositions sont le témoignage de l’usage de travaux littéraires prohibés dans les écoles de grammaire. Des ouvrages qui faisaient aussi l’objet de nombreux débats et discussions lors de réunions secrètes organisées spécialement dans ce but.
L’impact de cette idéologie sur le notaire Caxaro est visible sur ses registres notariaux, où parfois, il insérait des phrases tirées des livres interdits. Tel est le cas dans le registre datant de 1541 où il a laissé pour la postérité un vers extrait des « Colloques » d’Erasme : « Amaracus ait abstine sus no tibi spiro » qui veut dire « La marjolaine a dit au cochon, va-t’en, je ne respire pas pour toi ».Source : Notarial Archives Malta, Notary Brandano Caxaro, R 175/8, f. 1 (1541)
1565 - Témoignage du notaire Giacomo Baldacchino concernant le Grand Siège de Malte qui a eu lieu sur ordre de Soliman le Magnifique
De nombreux actes notariés datant de mai à septembre 1565 ont été trouvés dans ce volume appartenant au notaire Giacomo Baldacchino. Cette courte période correspond avec le Grand Siège de Malte quand, sous l’ordre de Soliman le Magnifique (au pouvoir de 1520 à 1566), une grande flotte de l’Empire Ottoman attaque et assiège l’île, qui était régie par l’Ordre de Saint-Jean (au pouvoir de 1530 à 1798). Ces actes sont un témoignage unique des activités quotidiennes d’une communauté assiégée ayant des difficultés à survivre, mais qui contre toute attente y parvint. De plus, l’insertion d’une note rédigée par le notaire Baldacchino datant du 7 septembre 1565, dans laquelle il fait référence à l’arrivée de renforts venant de Sicile et donne des détails sur les forces ottomanes et chrétiennes est d’un intérêt notable. Il y rapporte aussi la réaction des assiégés de la ville portuaire de Birgu à l’annonce de l’arrivée des renforts. Le notaire Baldacchino narre que la population jusqu’alors assiégée « se prosterna devant Dieu, en priant et glorifiant le Seigneur tout puissant, notre rédempteur, qui ne nous a jamais abandonnés lorsque nous lui demandions de nous venir en aide; en chantant l’hymne “Te Deum Laudamus” et le psaume “In exitu Israel de Aegypto” ». Ce récit raconté par un témoin oculaire est exceptionnel et rare. Le 8 septembre est une fête nationale, connue comme le jour de la Victoire.
Notarial Archives Malta, Notary Giacomo Baldacchino R 44/8 Part II, 7 September 1565, f. 8.
1942 - Remise de la « Croix de George » à la nation maltaise
La nation de Malte a été décorée de la « Croix de George » par sa Majesté le Roi George VI le 15 avril 1942, pour avoir fait preuve de bravoure et persévérance pendant la Seconde Guerre mondiale. Cet acte a été annoncé publiquement le 7 février 1947 au palais des Gouverneurs de la Valette en présence de l’Archevêque de Malte, Monseigneur Michael Gonzi. En effet, la vie de tous les jours de la population maltaise a été fortement impactée par la guerre, principalement par la pénurie alimentaire et les bombardements constants des forces de l’Axe.
Le volume contient la trace écrite de cet important moment de l’histoire maltaise et de sa population. Mais aussi l’acte notarié rédigé par le Notaire en chef du Gouvernement Dr. Carmelo Farrugia. Le contrat fut établi entre les deux parties suivantes : Monsieur Francis Campbell Ross Douglas, Gouverneur et Commandant en chef de l’archipel de Malte et Monsieur le Juge George Borg, chef de la Justice et Président de la cour d’appel du Roi. Et dans lequel « le Roi George VI, étant désireux d’honorer et de distinguer l’île de Malte » autorisa l’utilisation de la « Croix de George » en tant qu’emblème sur les sceaux, armoiries et drapeaux en accordance avec la loi sur les emblèmes d’Etat. L’ouvrage contient également d’autres actes notariés tels que des actes de vente de terre, de reconstruction de logements endommagés et d’approvisionnement en carburant qui, de plus, sont un témoignage de la culture maltaise et de la population à cette époque.
Notarial Archives Malta, Notary Carmelo Farrugia, R 407, 7 February 1947, ff.142-152.